Soyez attentif au corps dans le corps.—Bouddha

Sans attention, nous tenons notre corps pour acquis, ou nous l’ignorons tout simplement comme s’il n’était pas important. James Joyce décrit très bien cette relation : “M. Duffy vivait à une courte distance de son corps”. Nous pouvons également tomber dans l’autre extrême, celui de l’attachement, de la peur et de la suridentification avec ce corps. C’est bien de prendre soin de son corps, mais il est également possible qu’un mauvais type d’attention nous mène à des peurs et à des attachements malsains à notre corps. L’invitation de Bouddha à la guérison est d’entrer dans une relation consciente avec le corps dans notre propre corps. Nous pouvons commencer par nous concentrer sur notre expérience réelle d’être dans ce corps ici et maintenant.

Lorsque nous nous asseyons pour méditer, nous pouvons nous attendre à devenir paisible et calme, mais souvent les premières choses que nous ressentons réellement sont douloureuses. Nous prenons conscience de toutes les tensions que nous portons. Si nous n’avons cessé de courir partout ou si nous sortons d’une période de difficultés, lorsque nous ralentissons et devenons conscient, nous prenons d’abord conscience de tout ce que nous avons ignoré dans notre corps. Au début, il peut sembler que nous n’irons jamais au-delà de cet inconfort. Mais au fur et à mesure que nous apprenons à méditer, notre perspective grandit et nous prenons conscience qu’être dans un corps est parfois douloureux et parfois agréable.

La simple prise de conscience du corps tel qu’il est

La question importante est : pouvons-nous toucher les difficultés de notre corps avec pleine conscience ? La guérison commence par une simple prise de conscience du corps tel qu’il est.

Lorsque les choses deviennent difficiles, portons une attention bienveillante à notre corps, de la même manière que nous tiendrions un enfant malade. Quand un enfant est malade, nous lui donnons des médicaments et parfois il continue à pleurer, alors nous le tenons jusqu’à ce que le médicament fasse effet. Lorsque nous agissons ainsi avec notre corps, souvent les endroits qui sont blessés commencent à s’ouvrir et l’énergie de guérison du corps commence à investir les zones de douleur et d’inconfort.

Au fur et à mesure que notre attention se développe, la compassion surgit naturellement. Avec la pleine conscience et la compassion ensemble, nous pouvons commencer à écouter plus profondément. Nous réalisons que vivre dans notre corps n’est qu’une condition temporaire. La conscience sait qu’elle n’est pas le corps. Observons avec une attention compatissante : quel genre d’attention veut-il ? Qu’est-ce qui honorerait le mieux sa force et sa force vitale ? Qu’est-ce qui renforcerait sa résilience et son bien-être ? Quelle vérité de guérison notre corps essaie-t-il de nous enseigner en ce moment ? Lorsque nous écoutons notre corps de cette manière, nous pouvons également sentir que c’est le corps de la Terre. Ses os sont faits de minéraux terrestres, de calcium et de magnésium, et il y a de l’eau de mer dans notre sang. Notre corps est tout ce que vous mangeons. Ce n’est pas seulement notre corps mais une partie de quelque chose de plus grand : nous sommes la Terre qui prend vie.

Notre corps nous reconnecte au corps de la Terre

En écoutant profondément, notre corps nous reconnecte au corps de la Terre. Nous sentons alors que nous ne sommes pas séparé de la planète. Comme nous savons que pour prendre soin de notre corps, nous devons également prendre soin des ruisseaux, des rivières et du réseau de vie dans lequel nous existons. Nous vivons dans la même roue de la nature que les espèces en voie de disparition. Sans une attention consciente, nous ne pouvons pas comprendre notre lien personnel avec tous les êtres vivants.

La guérison qui vient de l’attention portée à notre propre corps mystérieux conduit directement à une compréhension de notre lien avec le corps de la Terre. La pleine conscience du corps signifie développer la conscience de qui nous sommes vraiment.

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Extrait et adapté de : Une lampe dans les ténèbres ; Jack Kornfield