L’impossible réalité

La preuve est faite.  Oui, l’impossible peut être réalisé et peut être réalisé par tout un chacun.

En quelques semaines, le Covid19 a rendu possible l’arrêt du système économique, le ralentissement de l’industrie mondiale, la réorientation de nos activités, la quasi-suppression de tout trafic.

Aucun expert, aucun scientifique, aucun politique, aucun militant écologiste ne pensait possible d’infléchir dans un délai court la force irréversible de l’économie mondiale. Et pourtant les chefs d’Etat ont pris les mesures qui s’imposaient. Ils ont tiré sur le frein à main de l’activité mondiale et elle s’est arrêtée. Demandant au monde entier de se confiner, de se couper physiquement les uns des autres, de suspendre nos activités professionnelles, obligeant les parents à faire l’école pour leurs enfants, d’affronter les conflits familiaux pour certains, l’isolement pour d’autres, mettant en danger la santé des soignants, et laissant les malades mourir sans être entourés de leur famille.

Nous sommes allés au-delà de la fameuse phrase de Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » car nous pensions que c’était impossible et en même temps nous l’avons fait.

C’est bien dans ce « nous pensions » que réside une magnifique opportunité, un changement de paradigme, un renversement de perspective. Notre cerveau nous amène à penser, à anticiper, à vouloir contrôler, à nous sécuriser dans un mode de fonctionnement habituel en fonction de notre éducation, du système de pensées que nous nous sommes construits au fil des années. Ces pensées sont des visions du monde, des croyances qui peuvent nous limiter, nous persuader que nos aspirations profondes sont irréalistes, parfaitement utopiques alors qu’elles peuvent probablement être mises en œuvre et porteuses de sens, de joie et d’accomplissement.

A l’échelle mondiale tout comme à notre échelle individuelle, ce virus remet en cause nos pensées, nos croyances, nos représentations de l’impossible, de nos propres impossibilités, car nos pensées ne sont ni la vérité, ni des faits.

Lorsque l’humanité est en danger, le monde s’arrête, et se remet en cause.

Et si, maintenant, notre plus grand danger était de reprendre cette course effrénée, cette fuite en avant ?

Les maladies mentales s’accroissent. Le taux de suicide et le taux de dépression ne cessent d’augmenter. Le nombre de burn-out dans le milieu professionnel est exponentiel.

Nous détruisons notre planète, la biosphère et ses écosystèmes.

A l’échelle de l’individu, jusqu’où faudra-t-il aller pour que nous remettions en cause notre mode de fonctionnement ?

Rappelez vous la citation de Blaise Pascal : « Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. »

Peut-être est-il temps de réfléchir, de prendre du recul, de mettre à profit cette rupture, de la rendre féconde, pour donner un sens à nos vies .

De questionner le monde et nos besoins réels. Et si un autre monde était possible ?

Et si une autre vie pour moi était possible, une vie porteuse de sens, d’épanouissement et de paix ?

Toutes ces réflexions doivent être réalisées avec le développement d’un esprit lucide, serein et d’un cœur paisible, et bienveillant.

Plus que jamais, le progrès extérieur doit être contrebalancer par le progrès de notre intériorité. En effet, quels que soient les progrès en nanotechnologie, en intelligence artificielle, en block chain, ces progrès n’arrêteront pas les virus, la vengeance, l’anxiété, le réchauffement climatique, ou les guerres.

Plus que jamais, la situation nous invite à revenir à qui nous sommes vraiment, à révéler notre puissance et notre force intérieure.

Il s’agit de remettre en cause nos croyances, ce que nous prenions comme acquis, de déconstruire nos modes de fonctionnement pour développer le mode de pensées qui nous convient, pour construire un monde meilleur, riche de sens et d’épanouissement pour chacun et pour tous.

La pratique de la pleine conscience et la philosophie sont au cœur de cette invitation. La pleine conscience tout comme un questionnement philosophique sont une pratique transformatrice qui nous permet de nous mettre en lien avec nous-même, de nous relier à nos aspirations profondes, et de contribuer pleinement à la société dans laquelle nous vivons. Elles nous permettent également de nous relier à autrui avec plus de compassion et de sagesse.

François Guillouët et Sandrine Jourdren