Avez-vous remarqué combien nous nous critiquons facilement ?

Tu n’es pas assez sérieuse, pas assez grande, tu es trop impulsif. Cette voix dans notre tête qui nous juge et nous punit, c’est celle de notre critique intérieur. Parfois, ce ne sont pas les mots mais le ton qu’il utilise qui est dédaigneux ou sarcastique. Au lieu de nous analyser et de nous comprendre, notre critique intérieur nous condamne.

Vouloir s’améliorer, progresser, peut être positif. Cependant, lorsque cette course incessante au « toujours plus » nous épuise, nous fait souffrir et nous empêche de vivre pleinement notre vie, il peut être nécessaire de s’interroger sur le bien-fondé de ces reproches.

 

Ce jugement se révèle souvent trop sévère.

Les succès sont temporaires et dus à la chance, tandis que les échecs fermes et définitifs sont entièrement de notre faute. Il y a toujours à redire. : ce qui est raté l’est totalement et ce qui est réussi ne l’est que partiellement. Notre critique ne tire pas de leçons de ses erreurs de prédiction. Lorsque ses « cela ne marchera pas » s’ infirment, il garde le silence ou instille le fiel : « Cela ne durera pas ». Néanmoins, dans le cas contraire, il triomphe : « Je te l’avais bien dit. » Il fait passer pour de l’information ce qui n’est que de la fake news toxique, bien souvent une caricature de l’exigence mais sans la bienveillance, et au prix de nombreuses confusions intellectuelles : généraliser, dramatiser, conclure sans preuve, imposer des requêtes irréalistes sur soi et les autres.

Ces critiques ont un impact négatif sur nos expériences physiques, émotionnelles et énergétiques. Nous sommes plus stressés, démotivés, parfois même paralysés. Nous procrastinons, devenons anxieux voire déprimés.

Notre critique intérieur se manifeste par nos pensées.

Il s’agit parfois d’un véritable ennemi en nous-même. Or ces pensées, comme nos opinions, ne sont généralement que des croyances, et non des faits. Ces productions mentales sont liées à notre cerveau limbique qui cherche à nous protéger des difficultés et des menaces éventuelles. Nous activons instinctivement notre système de défense. Notre amygdale s’active et nous libérons de l’adrénaline, du cortisol, nous nous préparons à combattre, fuir ou nous figer. Nous nous reprochons ceci ou cela afin d’être plus vigilant, plus performant. Nos désirs de perfection servent à combler nos désirs de protection.

Notre cerveau primitif cherche à nous protéger en nous faisant peur.

Or, notre cerveau ne fait pas la différence entre l’attaque d’un lion et la représentation que nous avons de nous-même. Aussi, chaque fois que nous ne nous sentons pas en phase avec celle-ci, notre cerveau s’attaque au problème et donc à nous-même ! Ce mode de fonctionnement n’est pas efficace et nous dessert.

Selon Christophe André, psychiatre et fervent militant de la pleine conscience : « Au mieux, nous pensons que c’est une forme de lucidité et d’exigence. Au pire nous pensons que c’est une sévérité envers soi qui nous sera . [1]» Discours dissuasif et limitant, qui nous pousse à craindre et à ne jamais nous satisfaire. Ce n’est pas avec des critiques constantes que l’on tire quelqu’un vers le haut. Les études en matière de pédagogie montrent qu’un enfant auquel les professeurs prédisent la réussite a de meilleurs résultats que celui auquel on témoigne de la défiance envers ses capacités (on parle d’« effet Pygmalion[2] »). De même que dans une classe, les notes augmentent lorsque l’on annonce que le devoir est plutôt facile et décroissent lorsqu’il est annoncé difficile.

Par ailleurs, on constate que les personnes faisant preuve d’autocompassion et de bienveillance envers elles-mêmes augmentent les initiatives personnelles et le désir d’atteindre leur plein potentiel[3].

Pour vous foutre la paix et lâcher le critique intérieur, je propose un programme d’autocompassion MSC. Retrouvez toutes les dates :  Umenity

 

 

 

[1] Imparfait, libre et heureux, Christophe André, Odile Jacob

[2] L’effet Pygmalion (ou effet Rosenthal & Jacobson) est une prophétie autoréalisatrice provoquant une amélioration des performances d’un sujet en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d’une autorité ou de son environnement (on nomme l’effet inverse l’« effet Golem »). De nombreuses études passionnantes ont été menées dans ce domaine et notamment dans le champ de ce que l’on nomme la « docimologie », l’étude de l’attribution des notes lors d’examens.

[3] Karen Bluth & Kristin D. Neff (2018): “New frontiers in understanding the benefits of self-compassion”, Self and Identity, urlr.me/b49MS.