Les traumas de choc — Quand le corps garde la trace de l’imprévisible Un accident, une agression, une chute, une opération médicale, une naissance difficile… Certaines expériences arrivent sans prévenir et laissent en nous une empreinte invisible. Même lorsque les blessures physiques ont guéri, le corps, lui, peut rester en état d’alerte. C’est ce qu’on appelle un trauma de choc. D’après Peter A. Levine, créateur de la thérapie Somatic Experiencing®, le traumatisme ne se trouve pas dans l’incident en soi, mais plutôt dans la façon dont le système nerveux a été débordé lors de l’impact. Quand la réaction instinctive de survie, soit la fuite, le combat ou l’immobilité, n’est pas possible, l’énergie déployée pour survivre demeure captive dans le corps. Quand le corps n’a pas pu “finir ce qu’il avait commencé” Le corps possède une sagesse instinctive. Il est courant chez les animaux de montrer des signes tels que des tremblements, des secousses et des soupirs après avoir été confrontés à un danger. C’est leur méthode naturelle pour libérer l’énergie du stress et retrouver l’équilibre. Chez les humains, cette libération est fréquemment entravée par la peur, la honte ou l’instinct de « tenir bon ». Conclusion : l’événement laisse une empreinte dans le corps, comme un circuit qui demeure ouvert. Les manifestations possibles de ce phénomène sont diverses : stress, troubles du sommeil, hypersensibilité, irritabilité, douleurs persistantes ou encore une sensation d’être « hors de soi ». Exemple concret : l’histoire de “Marc” (prénom modifié) Marc, âgé de 42 ans, a été impliqué dans un accident routier il y a quelques années. Sur le plan physique, tout était en ordre, mais il demeurait tendu, sursautant au moindre son et évitant de prendre le volant. Au cours de nos premières sessions de Somatic Experiencing®, il affirmait : « Je sais que c’est terminé, mais mon corps n’en est pas conscient. » Nous avons débuté avec des exercices élémentaires : prendre conscience de ses points d’appui au sol, noter l’appui du dos sur la chaise, écouter sa respiration. Ensuite, peu à peu, il a détecté une tension au niveau des épaules et un léger tremblement dans les jambes. Nous avons soutenu ces micro-mouvements sans contrainte, en respectant le tempo naturel du corps. Quelques minutes plus tard, il a soupiré profondément. Son visage s’est détendu. Il m’a dit : “C’est comme si mon corps venait enfin de freiner pour de vrai.” Dans les semaines suivantes, il a pu reprendre le volant sereinement. Son sommeil s’est régularisé. Il ne s’agissait pas d’oublier l’accident, mais de permettre au corps de boucler la boucle. Ce que nous apprend la recherche Peter Levine a démontré que le trauma résiduel du choc représente une énergie de survie inachevée. La méthode du Somatic Experiencing® facilite la « titration » de cette énergie, c’est-à-dire sa libération par paliers dans un cadre rassurant. Une recherche publiée dans le Journal of Traumatic Stress (Brom et al., 2017) a attesté d’une diminution notable des symptômes de stress post-traumatique suite à un soutien en SE.Pour Michel Schittecatte, psychiatre et formateur en psychotraumatologie, le travail corporel est indispensable car “le traumatisme est inscrit dans le corps avant même d’être compris par la tête”. Il rappelle que l’intégration ne se fait pas par la parole seule, mais par la réconciliation entre les sensations, les émotions et le sens. En conclusion Les traumas de choc sont des empreintes de survie, pas des failles. En redonnant au corps la possibilité de terminer ce qu’il n’a pas pu achever, nous retrouvons stabilité, élan et confiance. Le corps, lorsqu’on lui en donne la permission, sait parfaitement comment se réorganiser. Et souvent, la guérison commence dans quelque chose d’aussi simple qu’un souffle qui se libère. Plus d’info : https://www.umenity.com/coaching-et-formations/therapie-somatic-experiencing/